Isabelle Filliozat est une psychologue, auteure et formatrice en relations humaines qui a écrit de nombreux livres autour de la parentalité : « Il n’y a pas de parent parfait », « Au coeur des émotions de l’enfant », « J’ai TOUT essayé », pour ne citer que ceux-là. Ces livres sont de belles ressources pour comprendre nos enfants et leurs réactions parfois vives, et pour choisir le chemin de la bienveillance, envers eux mais aussi envers nous, parents.
Ce livre, est, comme beaucoup des livres d’Isabelle Filliozat que j’ai pu lire, d’une grande aide pour vivre et accompagner les émotions, les nôtres comme celles de nos enfants. L’auteure y évoque beaucoup de sujets sensibles, comme la diversité des émotions et la manière de les gérer, et elle aborde plus précisément les thèmes du bonheur, de la dépression, du travail de deuil, de l’épanouissement, des traumatismes, de la sexualité, tout cela sous l’éclairage passionnant des neurosciences.
Son style est très fluide et très agréable à lire, tout y est expliqué de manière détaillée mais jamais alambiquée, elle vulgarise le langage scientifique ou les notions psychologiques pointues pour en faire quelque chose d’abordable et de compréhensible pour tout le monde. Ça se lit très facilement, et pour ma part, avec toujours beaucoup de plaisir.
Ses réflexions sont nourries par des témoignages qu’elle partage avec nous et qui permettent de mettre en lumière certains comportements qui peuvent paraître incompréhensibles au premier abord, mais qui prennent sens avec un éclairage nouveau et empathique. Ainsi, le livre alterne les expériences de différentes personnes (parfois ses propres expériences à elle) et l’interprétation que peut en faire l’auteure avec son regard de psychologue, tout en expliquant certaines situations complexes par le biais des avancées récentes sur les sciences du cerveau.
Au début du livre, elle propose comme réponse au quotient intellectuel (QI) -qui a valeur de référence à l’heure actuelle en terme d’intelligence-, la prise en compte d’un quotient émotionnel (QE) pour découvrir quelles sont nos compétences émotionnelles. Compétences émotionnelles que l’on ne nous apprend pas à l’école et qui pourtant mériteraient qu’on s’attarde dessus, car nous vivons avec nos émotions chaque jour et nous sommes parfois perdus ou décontenancés face à leur intensité.
Elle dit très justement : « Les émotions, ces outils de l’autonomie, sont encore tues avec pudeur. Pour soutenir le défi de notre époque, l’homme doit retrouver le contact avec des émotions dont son éducation l’a éloigné et devenir véritablement lui-même, un individu à nul autre pareil. »
Elle évoque à un moment les émotions transmissibles aux enfants, quelles que soient les sources de nos contrariétés, et qui ont un impact néfaste sur eux. Je vous livre un passage qui m’a parlé :
« L’histoire extérieure n’est pas la plus importante. Celle dont les enfants ont besoin pour ne pas être englués dans nos affects, c’est l’histoire intérieure. La seule façon de ne pas transmettre aux autres nos frustrations, rages, terreurs ou désespoirs, c’est de les partager. Partager ne veut pas dire se confier en vue de recevoir d’eux du réconfort. Non, ce n’est pas leur rôle. Partager avec ses enfants, c’est simplement leur dévoiler notre vie intérieure, pour qu’ils s’y retrouvent, pour qu’ils puissent apprendre à faire la différence entre leurs propres émotions et les nôtres, et ne prennent pas ces dernières en charge. Trop souvent, sous le prétexte de protéger les enfants, on ne leur dit rien des soucis, des troubles, des peurs qui nous occupent. Mais les enfants les perçoivent et, dans l’impossibilité de mettre des mots dessus, ils vont les prendre à leur compte. »
Il y a pour elle un gros travail à faire sur l’expression de nos émotions, alors même que notre éducation et notre scolarité nous a plutôt appris à les refouler, à les combattre, rarement à les accepter. C’est passionnant de voir à travers les différents témoignages ce qu’une émotion refoulée peut avoir comme impact sur une vie, parfois sur plusieurs, si l’on prend en compte la transmission transgénérationnelle qui se fait souvent de manière non intentionnelle, dans les familles. La façon de vivre et de communiquer ses émotions est véritablement un enjeu important en terme de bien-être et d’épanouissement, et ce livre l’explique de façon limpide.
Si le sujet des émotions en tant que langage vous intéresse, je vous conseille vivement de lire L’intelligence du coeur, vous m’en direz des nouvelles. 😉