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Accouchement : les femmes méritent mieux – Marie-Hélène Lahaye

par Elise / mardi, 30 janvier 2018 / Publié dans Lectures & Films, Une histoire d'accouchement

J’avais envie de partager avec vous mon avis sur Accouchement : les femmes méritent mieux de Marie-Hélène Lahaye, qui vient de paraître en début de mois. Je l’ai beaucoup apprécié, et je pense que c’est un outil d’informations très complet pour les personnes qui souhaitent en savoir plus sur la prise en charge actuelle de la naissance, en France et en Belgique notamment. Ce livre pointe du doigt de manière détaillée, réfléchie et argumentée tout ce qui ne fonctionne pas dans le système médical actuel tel qu’il s’articule autour de l’accouchement.

Redonner aux femmes la confiance en leur corps

Il revient sur l’idée répandue dans la société que la femme est incapable d’accoucher seule : il faut toujours quelqu’un (un.e gynécologue, un.e sage-femme, voire son/sa partenaire si l’accouchement est très rapide) pour « l’accoucher », comme si elle avait nécessairement besoin de quelqu’un pour le faire, elle-même étant dans la plus grande passivité. Scoop : en fait une femme a en elle toutes les ressources pour accoucher par elle-même ! Elle n’a besoin de personne en vérité …
L’accouchement dépend d’un savant cocktail d’hormones (ocytocine, mélatonine, endorphines …) qui, si on ne les inhibe pas, concourt au bon déroulé de la mise au monde. Les endorphines, qui soulagent, sont libérées dès lors que la femme se sent en sécurité et est capable de se mettre dans sa bulle sans être parasitée par ce qui se passe autour. Cette libération d’hormones est un processus naturel et physiologique. Le corps nous indique la marche à suivre pour cela, il y a « juste » à l’écouter. Personne ne vous apprend à vomir, votre corps sait instinctivement comment faire, c’est un réflexe mécanique. L’accouchement, c’est pareil. Si vous l’écoutez, si vous vous laissez guider par lui, votre corps sait faire. Il est programmé pour ça, en fait. Quand on a compris ça, on se rend compte que l’accouchement tel qu’il est pratiqué actuellement en France n’est absolument pas perçu ni accompagné de cette façon, ce qui, à mon sens, est préjudiciable pour les femmes. Rendre leur pouvoir d’enfanter selon leurs souhaits aux femmes, leur permettre d’être actives et actrices de leur accouchement, d’être dans le choix (du lieu, de la position, des personnes accompagnantes) et non la soumission, de comprendre en amont ce qui se passe dans leur corps à chaque étape pour pouvoir accompagner leur bébé au mieux durant ce voyage, c’est là une des revendications de ce livre.

Le corps féminin présenté comme défaillant

Aujourd’hui, on nous présente l’accouchement comme si notre corps était défaillant, qu’il avait besoin d’aide et d’actes posés sur lui pour enfanter. On nous parle du corps de la femme comme une bombe à retardement qui pourrait à tout moment exploser et causer des dégâts à la mère et au bébé. On nous explique qu’il faut éteindre toutes nos sensations avec la péridurale, rester allongée, ne pas bouger, ne pas crier, ne pas faire de vague, être calme et bien docile, pousser quand on nous le dit et surtout pas quand notre corps nous le demande. On nous explique que c’est mieux pour tout le monde. Mais l’est-ce vraiment ?… Ou est-ce que ces prérogatives sont le fait d’une prise de pouvoir sur le corps féminin, d’un besoin de domination et de contrôle sur celui-ci ? C’est difficile de déconstruire toute une organisation médicale vieille de nombreuses années de pratique, et de remettre en cause la façon dont « on a toujours fait », justement parce que ça a toujours fonctionner comme ça, alors pourquoi changer ?…
L’accouchement devrait être une occasion pour la femme de découvrir sa puissance et les capacités impressionnantes de son corps, pas un énième carcan pour l’empêcher d’être pleinement maîtresse de celui-ci.

L’hôpital, un lieu d’accouchement plus sécuritaire ?

Marie-Hélène Lahaye décortique également les préjugés qui ont la dent dure sur l’accouchement à domicile, et l’idéalisation de la médicalisation dans l’histoire de l’enfantement. Elle démontre que l’effondrement de la mortalité suite à la deuxième guerre mondiale n’est pas lié à la médicalisation de l’accouchement et au déplacement du lieu d’accouchement dans les hôpitaux, comme beaucoup de gens le pensent, mais à différents facteurs, qui, combinés ensemble, ont permis aux femmes d’accoucher de façon plus sécurisée : « L’amélioration générale des conditions de vie des populations et la systématisation des règles d’hygiène et d’asepsie y ont fortement contribué. La mise au point des antibiotiques, de la transfusion sanguine et de la césarienne (depuis lors pratiquée avec des instruments préalablement désinfectés) a complété ces progrès en permettant une réponse judicieuse aux rares urgences vitales. » Cela remet en cause cette vision faussée et pourtant si répandue de l’accouchement plus sécuritaire à l’hôpital qu’à la maison.

Ne pas tout accepter

Ce que j’aime dans ce livre, c’est le propos de Marie-Hélène Lahaye, qui, si elle insiste sur le processus de l’accouchement physiologique et des conditions pour le favoriser, n’est pas de le vendre à tout prix aux femmes à qui cela ne convient pas, mais bien d’éveiller les consciences à tout ce qui est possible en matière d’accouchement. Non, accoucher ne veut pas forcément dire être allongée sur une table, avec une péridurale, et un toucher vaginal toutes les heures. Non, accoucher ne devrait jamais donner aux femmes cette impression d’être une moins que rien, d’être incompétente, défaillante ou faible. Non, l’infantilisation et la culpabilisation d’une femme sous prétexte qu’elle est en position de vulnérabilité, les jambes ouvertes et le sexe offert à la vue de tous, n’est pas acceptable. Non, le personnel médical ne devrait pas faire pression sur les femmes en travail pour prendre la péridurale si elles ne la souhaitent pas, ni imposer des actes sans les informer loyalement de ce qu’ils impliquent et sans demander leur consentement. Non, on ne devrait pas leur imposer une position pour l’expulsion, ni les empêcher de boire ou de manger. Jamais.
Non, tout ça n’est pas normal, et les femmes sont en droit de refuser et de se lever contre ce fonctionnement et ces violences qui perdurent depuis longtemps dans trop de salles d’accouchement.

Le fonctionnement des maternités à repenser

Evidemment, les exemples donnés au-dessus ne correspondent pas à l’intégralité du personnel médical officiant dans les maternités (et heureusement !). Certaines maternités, comme celles de Nanterre ou de Besançon, ont engagé une véritable réflexion sur le trop grand recours à l’épisiotomie et ont diminué cette pratique pour arriver à 1% ou moins d’épisiotomies. C’est que cela est possible ! Mais toutes les maternité n’ont pas encore entamé cette réflexion sur leurs pratiques et sur la remise en question de celles-ci. La loi Kouchner de 2002 et son « consentement libre et éclairé » n’est malheureusement pas toujours appliquée, 16 ans après.
Il y a différentes raisons qui expliquent que nous en soyons là aujourd’hui : l’hypermédicalisation de l’accouchement, le manque de personnel dans les hôpitaux (et les petites maternités qui ferment), la problématique du rendement de l’hôpital (l’organisation du service qui implique que les accouchements doivent s’enchainer et ne pas trop traîner, les chambres se libérer …), la lourdeur des protocoles hospitaliers imposés par les assurances, les études de soignants qui ne préparent pas (toujours) à l’accompagnement bienveillant ni à l’accueil émotionnel des mères en travail, la vision de l’accouchement propagée par les films ou séries qui ne correspond pas à la réalité et qui laisse à penser qu’il n’y a qu’une façon d’accoucher, à laquelle il faut nécessairement se plier …

La standardisation des accouchements

Marie-Hélène Lahaye n’hésite pas à évoquer un certain « fordisme » concernant la prise en charge des accouchements en structure hospitalière : « (Ce modèle économique fordiste) implique une division du travail entre les intervenants qui doivent effectuer des gestes précis dans un temps chronométré, selon le principe du travail à la chaîne. Pour que ce modèle puisse fonctionner, il nécessite une standardisation des femmes, qui doivent toutes adopter la même position, et dont les étapes de l’accouchement doivent se dérouler en séquences précises, minutées et de préférence de la façon la plus rapide possible. »
Le parallèle me semble assez bien trouvé et juste, en tout cas j’en ai personnellement fait l’expérience pour mon premier accouchement. J’ai accouché dans une usine à bébés où le temps manquait pour personnaliser les rapports, prendre le temps d’échanger et de comprendre nos peurs et nos attentes en tant que futurs parents, où le timing était serré et où il ne fallait pas ralentir la cadence, et où, a contrario, on m’a fait attendre 8h qu’une salle se libère pour pouvoir me déclencher, plutôt que de me renvoyer chez moi, au calme.

L’accouchement, partie intégrante de la sexualité ?

Marie-Hélène évoque également dans son livre la question de l’accouchement considéré comme un acte sexuel, vision qui dérange souvent, mais qui n’en est pas moins intéressante à plusieurs points de vue : l’accouchement sollicite les mêmes hormones que celles produites durant l’acte sexuel, les mêmes parties du corps, et peut provoquer les mêmes sons et râles chez la femme, ce qui peut être très déconcertant dans une salle d’accouchement, pour certains soignants. Le besoin d’intimité durant l’enfantement est le même que celui nécessaire à l’acte sexuel : lumière tamisée, calme, détente, sentiment de sécurité, nécessité de ne pas se sentir épié … C’est un acte profondément intime et animal.
Alors pourquoi est-il si peu respecté et pris en compte de cette façon ? Ce petit film, intitulé La Performance, pose la question avec beaucoup d’humour :  Que se passerait-il si un couple avait un rapport sexuel dans les mêmes conditions que celles d’une femme qui accouche à l’hôpital ? Accepterait-on tout ce que les femmes acceptent à l’heure actuelle quand elles enfantent en structure ?

S’informer et avoir le choix : la clé ?

Je lis le blog de Marie-Hélène Lahaye, Marie accouche là, depuis plusieurs années, et je l’ai toujours trouvé très intéressant dans ses questionnements, très bien documenté, et passionnant par les remises en question qu’il propose. Son livre est dans la même lignée, bourré de références complètes et diverses s’appuyant sur la littérature scientifique et les recommandations des instances de santé, captivant par son rappel historique de la prise en charge de l’accouchement au fil des décennies, interpellant par son engagement féministe et son regard affûté de juriste … Je le trouve vraiment très juste et percutant. J’estime qu’il donne un maximum d’informations pour que chaque femme concernée puisse déterminer ses attentes personnelles par rapport à l’acte  d’accoucher, ce qu’elle est en capacité d’accepter ou non durant celui-ci, et pour comprendre les véritables enjeux qu’il y a derrière la question de la naissance en France à l’heure actuelle. Ce livre est une réflexion poussée sur les conditions de la naissance dans notre pays, et invite à reconsidérer l’accouchement comme une problématique féministe et politique, qui mérite qu’on se penche sérieusement dessus, pour améliorer à la fois le vécu des femmes qui accouchent, des partenaires, des soignants, et aussi des bébés.

Étiqueté sous : accouchement, Marie-Hélène Lahaye

À propos d'Elise

J'ai 32 ans, deux enfants, je suis passionnée par la périnatalité, et je vous propose d'échanger sur des sujets variés à travers cet espace de partage qu'est mon blog. Bienvenue ici et bonne lecture !

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